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Présentation :

Dans la petite ville de Saint Rioch de la Province Armorique Ouest, la vie suit son cours. Depuis 1961, l'année du tragique mais très lointain Soulèvement, la nouvelle humanité a appris à partager l'autorité avec les Résidents (des Intelligences Artificielles Biologiques) ainsi qu'à accepter les emprunts de corps humains exigés par ceux-ci. Lysandre, bien qu'elle soit de mère humaine-traditionnelle et de père lépido, a réussi à réaliser son rêve et travaille comme vétérinaire à la Clinique des Pas Perdus. Elle fait profil bas, masquant en permanence les ailes et les antennes qui trahissent son métissage, et vit heureuse dans la petite maison qu'elle partage avec son ami d'enfance, Népomucène, un jeune félide instituteur à Saint Rioch, et parfois aussi avec Naïs, la petite fille adoptive de ce dernier. L'enfant, comme tous les pupilles résidentiels de la ville, vit en effet principalement à l'orphelinat, où elle doit se soumettre aux réquisitions incessantes des Résidents. Mais en ce début d'automne 2116, d'inhabituels événements viennent troubler l'existence un peu trop paisible de Lysandre, résignée à son sort de Basse-Caste. Des événements qui la pousseront dans ses derniers retranchements, ébranlant ses convictions et lui offrant ce que son cœur se défendait d'espérer...

Genre : Science-fiction uchronique

Série : Ce livre est le tome 1 de la série Lysandre Chalkill 

Âge : dès 13 ans

Nombre de pages : 234 pages pour la version papier

Illustrations : Plusieurs illustrations internes d'Amandine Labarre, illustration de couverture d'Amandine Labarre

 Extraits :

♥ Journal intime de mademoiselle Naïs Virmant ♥

Dimanche 20 septembre 2116
5, chemin des Lilas, Saint Rioch
Province Armorique Ouest
Premier étage de la maison
Ma chambre
Mon lit
Six heures trente du matin

Mercredi soir c’était l’anniversaire de Roselise et mademoiselle Sollicitude avait organisé une belle fête dans le réfectoire de l’orphelinat, avec des ballons verts, des bleus et même des roses. Les dames de charité, celles qui nous font récupérer nos leçons, avaient fait des gâteaux et aussi des pommes d’amour. Il parait que c’était très bon. Moi je n’étais pas là. J’étais parasitée depuis le mardi. Enfin j’étais réquisitionnée. Ou même empruntée comme veut que je dise Lysandre. Enfin, mon corps était je ne sais pas où avec un Résident Résident (mes cheveux sentaient très très mauvais en rentrant, heureusement que c’était vendredi, papa me les a lavés, maintenant ils sentent bon le shampoing aux œufs).
Cette nuit j’ai encore fait le cauchemar où je suis au fond d’une rivière, avec plein de vase dans la bouche et des herbes très longues qui s’enroulent autour de mes poignets et de mes chevilles. Je ne peux pas respirer et même si je n’en ai pas besoin dans le rêve, j’ai l’impression que je vais mourir étouffée. Pas noyée, je suis dans l’eau mais c’est sec. Étouffée. Et j’essaie d’avancer, pour remonter à la surface, mais chaque pas est très difficile, très lent, à cause des herbes, je m’essouffle, j’étouffe, mais je ne meurs pas, alors ça continue.
Je crois que je fais ce rêve quand le Résident a beaucoup marché avec mon corps, parce que j’ai aussi de grosses ampoules qui font très mal derrière mes talons, là où frottent les chaussures de l’uniforme résidentiel. Et aussi parce que je suis très fatiguée et que j’ai des crampes aux mollets qui font très très mal, qui me réveillent la nuit. Enfin c'est bien quand je suis en train de faire le rêve, au moins ça me réveille et le rêve s’arrête. Alors je dois me frotter longtemps et très fort les mollets pour que ça passe et marcher bien à plat par terre. À l’orphelinat j’ai toujours peur de réveiller Iseult, qui a du mal à dormir, mais à la maison c'est encore pire, parce que je ne veux pas que papa s’inquiète. Enfin, s’il entend du bruit je lui dis que c’est Slurp qui est descendu de mon lit. Comme c’est un amour de gros chien patapouf papa me croit à chaque fois et même s’il menace de l’empêcher de dormir au pied de mon lit je sais qu’il ne fera rien.

(...)

Lysandre entrouvrit les yeux, qu’elle avait fermés pour mieux se concentrer, et contempla un moment le visage familier qui lui faisait face. Un visage aux larges méplats, recouvert d’un pelage si fin et si court qu’il pouvait faire croire à une riche peau brune au premier regard. Mais les yeux verts, larges et brillants, au regard fixe et barrés de pupilles verticales, et les oreilles triangulaires, portées hautes et recouvertes de poils, ne prêtaient guère à confusion. Lysandre songeait souvent que de tous les néos créées jadis par l’humain initial, les félides étaient les plus fascinants, plus fascinants même que les ailés.